Non loin du fleuve, les premiers tambours résonnent dans le quartier de Torrón. C’est le signe du début du Lanzo da Cruz, une fête religieuse célébrée chaque lundi de Pâques depuis des temps immémoriaux, mais qui n’est plus représentée que dans deux communautés d’A Raia : Parroquia de Sobrada (Tomiño) et Cristevo do Covo (Valença do Minho).
La rencontre a lieu au milieu du fleuve. Les accords de musique des deux rives s’entremêlent, ainsi que les croix des prêtres de la paroisse chargés de bénir le fleuve. C’est le début d’un rituel visant à garantir une bonne année de pêche et la protection des bateliers contre tous les dangers. Lors d’une journée radieuse et ensoleillée, ne perdons pas de vue les menaces du fleuve, les rochers et les brumes épaisses à cause desquels tant de personnes se sont noyées. En signe de gratitude, les bateliers s’efforcent d’attraper une offrande précieuse.
Environ vingt-cinq mètres suffisent pour garantir la fluidité. Pendant des décennies, les pêcheurs galiciens et portugais ont d’un commun accord lancé leurs filets dans le même fleuve en respectant à tour de rôle des périodes de latence. Dans les vidéos suivantes, nous recueillons leurs souvenirs, génération après génération. Napoleão et Alberto nous parlent de la berge de Vilanova de Cerveira, au Portugal. Albita, Manolo et Nando font de même dans la commune voisine de Goián, en Espagne. Des souvenirs d’efforts et de dévouement et, pendant les moments de repos, de fêtes religieuses et de rencontres sur l’île des amours.
Tous deux se souviennent parfaitement de leur rencontre, un premier jour d’école. Dès lors, leurs vies ont été entrelacées par un va-et-vient d’expériences et d’emplois variés. Aujourd’hui, ils passent leurs journées près du Miño et perpétuent le métier qui leur a été laissé en héritage : la pêche dans le fleuve.
À 78 ans, Albita Rodríguez porte un regard lucide sur les valeurs et les règles de la pêche dans les eaux transfrontalières. Assise au bord du Miño, elle partage ses souvenirs en compagnie de son fils Manolo et de Nando, un autre habitant de la commune de Goián. Les membres de ces deux générations revivent les heures fastes d’une profession qui, selon eux, pourrait disparaître.
Casitas brancas do Minho
Onde guardam os tesouros,
As fadas d’olhos azuis
E lindos cabelos loiros.
Filtros de beijos em flor,
Corações de namoradas,
Nas casas brancas do Minho
Guardam ciosas as fadas
Florbela Espanca
No Minho (1894-1930)